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ROTARY CLUB
GRENOBLE

Les Terres Australes et Antarctiques Françaises

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16/10/2023

Le 16 Octobre 2023, Gilles Foubert, commandant de bord des deux navires scientifiques français, les Marion Duchesne 1 et 2, puis commandant de Pétrolier en toute fin de carrière, nous a présenté les Terres Australes et Arctiques Française.

 

Les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) sont les plus vastes des rares terres émergées au sud de l’océan Indien (environ 440.000 km² soit 44.000.000 ha, cette donnée incluant la superficie de la Terre Adélie et des Îles éparses) au sein de paysages volcaniques grandioses.

Éloignées des centres d’activité humaine, elles sont restées des sanctuaires de biodiversité, inscrites sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco et classées en réserve naturelle nationale avec 80% de la surface de toutes les réserves naturelles françaises.

Elles abritent l’une des plus fortes concentrations et diversités d’oiseaux marins au monde, ainsi que l’une des plus importantes populations de mammifères marins. Leurs eaux très productives forment une « oasis » nourricière pour ces espèces.

Ecologiquement préservées et éloignées des pôles d’activités humaines, les Terres australes
françaises sont aussi de véritables laboratoires naturels qui contribuent depuis les années 1950 au développement des sciences du vivant, de la terre et de l’univers dans le subantarctique.

Au niveau marin, l’immense Zone Economique Exclusive (ZEE, La France possède la 2ème ZEE au monde avec 11.035.000 km², juste derrière les USA avec 11.351.000 km² et loin devant les Australiens, troisièmes avec 8.505.348 km²) fait également l’objet régulier de
campagnes scientifiques : des campagnes océanographiques, souvent internationales et
pluridisciplinaires, opérées depuis le Marion Dufresne dont l’IFREMER est l’opérateur scientifique depuis 2017, des programmes de suivi des pêches ou encore des campagnes d’évaluation des ressources halieutiques.

L’archipel Crozet (340 km²), composé de cinq îles volcaniques divisées en deux groupes distants d’environ 110 km, est devenu un district des TAAF en 1955 lors de la création du Territoire des TAAF. La base permanente Alfred Faure a été construite en 1964.

Les îles Crozet furent découvertes lors de l’expédition de l’explorateur français Marc-Joseph Marion du Fresne (surnommé Marion-Dufresne) qui fit débarquer son second, Julien Marie Crozet, sur l’île de la Possession le 24 janvier 1772. Crozet prit alors possession de l’archipel au nom de la France.

Le capitaine britannique James Cook renomma ensuite ces îles d’après Julien Crozet.

Si la végétation est pauvre à Crozet, la faune y est cependant d’une variété exceptionnelle. On y trouve plus de 25 millions d’oiseaux de 36 espèces différentes (manchots, albatros, pétrels...), des mammifères marins (otaries, éléphants de mer, orques) et 17 espèces de poissons.

Les îles Kerguelen, d’une superficie d’environ 7.215 km², soit un peu moins que celle de la Corse, sont constituées d’une île principale entourée de plus de 300 îles et îlots et forment la partie émergée d’un immense plateau volcanique sous-marin baptisé plateau Kerguelen-Heard. L’archipel a commencé à émerger il y a environ 40 millions d’années, ce qui en fait l’île la plus ancienne des TAAF.

Les côtes sont dans leur ensemble extrêmement découpées avec quelques grands golfes et de
nombreuses baies ainsi que de longs fjords. Le point culminant est le Mont Ross (1.850 m).

L’archipel fut découvert en 1772 par le navigateur français Yves Joseph Kerguelen de Trémarec, et redécouvert quatre ans plus tard par James Cook qui nomma ces terres « îles de la Désolation » ou « Terre de Kerguelen ». En 1893, l’aviso français Eure prend officiellement possession des îles Kerguelen au nom de la France. La station permanente de Port-aux-Français a été créée en 1950.

  • Situées à la convergence antarctique où le mélange des eaux froides de l’Antarctique et des eaux plus chaudes de l’océan Indien stimule la production des chaînes alimentaires, les îles Kerguelen constituent un lieu privilégié de rassemblement de nombreux animaux océaniques, en particulier de ceux qui ont besoin de la terre ferme pour se reproduire : éléphants de mer, otaries, manchots royaux et 32 espèces d’oiseaux.
  • Les écosystèmes originaux ont cependant été profondément modifiés d’une part par la
    surexploitation des ressources (chasse aux baleines et aux phoques tout au long du XIXe siècle notamment sur le site de Port Jeanne d’Arc, pêche industrielle à la fin du XXe siècle) et d’autre part par l’introduction volontaire ou involontaire d’animaux exogènes qui se sont acclimatés : lapins, chats, rats, rennes, moutons, mouflons, truites, etc.
  • Les eaux environnantes sont peuplées de 42 espèces de poissons et caractérisées par la dominance de la légine australe, une espèce de poissons des mers froides australes à forte valeur commerciale, appréciée pour sa chair blanche et fondante, qui peut atteindre une assez belle taille (plus de deux mètres et plus de 80 kg), vivre au-delà de 35 ans et a entraîné un braconnage important.

Les îles de Saint-Paul et Amsterdam sont les îles les plus « récentes » des TAAF (environ 100.000 ans). Elles sont toutes les deux d’origine volcanique et comportent deux îles distantes d’environ 85 kilomètres :

L’île d’Amsterdam

L’île d’Amsterdam (58 km²), parfois appelée Nouvelle-Amsterdam, est le sommet émergé d’un volcan marin, dont une partie s’est effondrée, laissant une falaise abrupte de 700 m de haut.

On y trouve la faune habituelle des îles subantarctiques de l’océan Indien, comprenant des mammifères marins (otaries, éléphants de mer, des léopards de mer), douze espèces d’oiseaux et 33 espèces de poissons. L’été, il est possible d’observer des orques.

L’écosystème a été fortement perturbé par l’activité humaine depuis la découverte de l’île (chasse, déboisement), et par l’introduction volontaire ou accidentelle d’espèces exogènes.

  • Descendus des bateaux de pêche au XVIIIe siècle et au XIXe siècle, de nombreux rats ont gravement déstabilisé l’écosystème, réduisant considérablement la nidification d’oiseaux. La population de rats à la fin des années 1990 était estimée entre 50.000 et 100.000 individus. Les rats furent d’abord combattus par l’introduction de chats, qui depuis sont revenus à l’état sauvage. L’île a entièrement été dératisée en 1999. Depuis, la population d’oiseaux s’est progressivement reconstituée.
  • Plusieurs centaines de vaches sauvages y vivaient également, descendantes d’un élevage tenté par le réunionnais Heurtin en 1871. Les bovins furent abandonnés sur l’île après le départ de ce dernier et se reproduisirent jusqu’à gravement modifier l’équilibre naturel et provoquer une quasi-disparition de l’unique espèce d’arbre, le Phylica Nitida. Au milieu des années 1980, il ne restait que quelques arbres résiduels. Un programme de restauration a permis la plantation de 7.000 arbres, issus de graines produits par les arbres restants.
  • Une variété d’albatros faillit également disparaître car ces bovins détruisaient les sites de nidification (en 2010 il ne restait que 30 couples).
  • Depuis la campagne d’éradication menée par la collectivité, il n’y a plus de bovins sur l’île.

L’idée d’installation d’une base scientifique permanente remonte au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, cette dernière ayant montré la nécessité de connaître la météo dans cette région du monde. La base Martin de Vivies a été créée en 1949. L’isolement et l’éloignement de toute activité humaine en font une des deux seules bases mondiales pour la mesure de la pollution de fond de l’atmosphère. En effet, à Amsterdam, l’éloignement des sources de pollution artificielle ou naturelle continentale en fait le site où l’air est considéré comme le plus pur de la planète.

L’île Saint Paul

L’île Saint-Paul abrite un cratère de 8 km², qui s’est formé à la suite de l’effondrement d’une partie nord de l’édifice volcanique. Située au milieu de l’Océan Indien, sur le chemin entre l’Afrique, les Indes et l’Australie, l’île Saint-Paul était un lieu propice aux courtes relâches pour les navires dès la fin du XVIIIème siècle.

  • Le lieu était aussi prisé par les chasseurs d’otaries à fourrure qui n’étaient autres que les phoquiers et baleiniers anglais et américains qui profitaient de leurs lourdes expéditions dans les mers du Sud pour compléter leurs revenus en huile avec la vente de peaux qui leur rapportait davantage d’argent.
  • À Saint-Paul, les eaux environnantes sont riches en poissons et en langouste. La pêche fut très pratiquée autour de l’île et des aménagements tels que des terrassements encore visibles ont été faits dans le cadre de la création d’un établissement de pêche en 1843.
  • Les « oubliés de SAINT-PAUL » :
    • Quand on a la chance de débarquer à Saint Paul, ce sont les vestiges de la langousterie en activité de 1928 à 1930 qui marquent les esprits. En effet, cette entreprise s’est soldée par le drame des « Oubliés de Saint-Paul », un petit groupe de sept personnes (six hommes et une femme enceinte), qui avaient été laissées sur l’île en mars 1930 afin d’entretenir la base et les installations durant l’hiver austral et y furent abandonnées durant neuf mois. Lorsque le bateau Île Saint-Paul accosta enfin sur l'île, en décembre 1930, seuls trois des sept gardiens avaient survécu.
    • S'ensuivit en France un procès intenté par les victimes et leurs familles, qui dura de 1931 à 1937 et au terme duquel la société « La Langouste française », fut reconnue coupable et condamnée à verser différentes indemnités aux victimes et aux familles. Mais à la suite de sa mise en faillite, les victimes ne reçurent finalement aucune indemnisation.

La philatélie polaire

  • Depuis 1955, le territoire des TAAF émet ses propres timbres. On en compte aujourd’hui plusieurs centaines. Essentiellement gravés en taille-douce, ces timbres-poste – une douzaine d’émissions par an – sont particulièrement recherchés par les philatélistes pour leur rareté et leur originalité.
  • Objets de collection également, les enveloppes philatéliques portant les cachets des gérances postales installées sur chaque district, ceux des navires Marion Dufresne et l’Astrolabe, des bateaux de pêche et des navires militaires en campagne ou les tampons de missions des hivernants ou des campagnes scientifiques à bord du MD II sont très recherchées.

Marie-José SIMON et Gilles FOUBERT, le 30 Novembre 2023