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ROTARY CLUB
BOURGOIN-LA TOUR DU PIN

Biographie du Docteur André DENIER : Co-fondateurs de notre club Bourgoin-La Tour du Pin

Membre fondateur du Rotary Club Bourgoin – La Tour-du-Pin en juin 1950.

 

André Denier naquit le 25 juillet 1896 à La Tour-du-Pin, qu’il ne quitta jamais.

Il avait un siècle d’avance sur son temps : c’était un chercheur né et un inventeur de génie, ce qui le fit souvent passer pour un « charlatan », lui qui avait préparé une spécialité d’électro-radiologie avec le professeur d’Arsonval et Marie Curie !

Mais la foi en son avenir, sa rectitude morale et son esprit non conventionnel le poussèrent à s’endetter pour installer un des premiers appareils de radiologie du département, qui n’en comptait que deux à Grenoble.

 

La suite est connue : à la fin de la 2e guerre, il revint à son cabinet de La Tour-du-Pin et se consacra à l’exercice de la médecine dans sa clinique du Champ-de-Mars pendant un demi-siècle.

 

À l’époque du « tout chimique agressif », il préférait les médecines douces, qui ne s’appelaient pas encore ainsi :

 

  • ne se priver de rien, manger de tout… un peu ;

  • faire des cures de détox aux changements de saison : 1 cuillerée à café de soufre lavé mélangée à 4 cuillerées de miel, pendant une semaine ;

  • pas d’alcool, sauf un week-end par mois, pour « bien nettoyer » ;

  • manger beaucoup de légumes et de soupes, peu de sel ;

  • pratiquer la marche, la bicyclette, faire des mouvements avec un manche à balai entre les épaules.

 

Sa philosophie du bon sens n’allait pas sans soulever critiques et scepticisme de la part de ses confrères médecins, des pharmaciens et des habitants de la région ! Cependant, sa renommée s’étendait hors des frontières régionales. De toute la France, on venait voir ce médecin qui faisait des miracles avec l’électricité et qui évita à de nombreux malades de devenir grabataires ; ils lui restèrent « éternellement reconnaissants » alors que la médecine moderne ne pouvait plus rien pour eux.

 

De nos jours, il serait influenceur avec un blog et un site internet, tant on s’aperçoit, bien longtemps après lui, que la chimie a de nombreux effets secondaires indésirables.

 

Pour communiquer ses études, il adhéra à la Société française de radiologie (47, rue de la Colonie, Paris 13e), qui abrite dans son musée nombre des machines qu’il avait inventées et offertes par notre association.

 

Sa curiosité s’étendait bien au-delà de la médecine ; il était chercheur dans tous les domaines, ce qui le poussa à faire deux grands voyages pendant plusieurs mois :

 

  • En 1934, il parcourut les États-Unis (qui l’ont déçu) et le Canada (qui ressemble à la vieille France).

  • En 1936, dans la Russie de Staline, il découvrit « l’envers du décor officiel » et eut « grand plaisir à en être sorti », ce qui lui valut de nombreux courriers avec André Gide.

 

Rien n’arrêtait son besoin de savoir : en 1938, il alla à Berlin le jour où Hitler partit pour Rome conférer avec Mussolini. Il fut surpris de voir que, même sur leur lit d’hôpital, les malades faisaient le salut hitlérien ! Il en profita pour se rendre à Dresde et Nuremberg (le musée possède des œuvres de Georg Pencz, qui a composé le triptyque de La Tour-du-Pin).

 

Revenu à La Tour-du-Pin, qu’il appelait « sa petite patrie », il se plongea en 1938 dans la rédaction du livre qui est devenu notre Bible : La Tour-du-Pin, terre des Dauphins. Ce livre est un hommage à sa ville natale, qui connaîtra une seconde édition complétée en 1966.

 

Tout lui était sujet d’observation ; sa curiosité naturelle le fit devenir historien, critique d’art, géographe, biographe, avec une passion sans égale. Quand on cherche quelque chose, on est certain qu’il avait cherché avant nous !

 

Son activité était inlassable. Tout en faisant revivre le passé, il se préoccupait du sort de ses concitoyens, particulièrement des jeunes qu’il voyait désœuvrés. Il mit à leur disposition un local de réunions et de jeux à Cessieu : c’est la jolie petite tour de l’horloge, où il suscita la création d’une équipe de jeunes archéologues qui formeront un peu plus tard « la Renaissance Historique ».

 

En 1958, il prit la présidence du syndicat d’initiative et se préoccupa de l’accueil des touristes pour les Jeux olympiques de 1968.

 

Il fut l’un des fondateurs du Rotary Club en 1950, et des jardins ouvriers dans la triste époque d’après-guerre, mettant à disposition un terrain qu’il possédait pour ceux qui n’en avaient pas.

 

Il fut un défenseur acharné du patrimoine de la ville. Sa passion du patrimoine fut exacerbée lors de la démolition du couvent des Récollets le 11 novembre 1971 : il déchira en public sa carte d’électeur sous le nez du maire-démolisseur Raymond Jacquet et quitta la présidence du syndicat d’initiative en signe de protestation.

 

Toujours en 1971, il fit don à la ville d’un terrain qu’il avait acquis dans les années 1930 pour faire des fouilles archéologiques sur le site de l’ancien château fort.

 

Heureusement, en 1975, aidé par la marquise de Virieu, son intervention sauva l’admirable toit dauphinois du Central Bar, qu’il proposait de payer de sa poche et qui, finalement, fut payé par les Monuments historiques.

 

Son « grand amour » resta évidemment le triptyque de notre église, qu’il soigna comme un de ses malades. Je le cite :

 

« J’ai photographié tous les angles des panneaux avec un éclairage riche en infrarouges au moyen de plaques spéciales et j’ai eu la grande joie de déceler dans l’angle inférieur droit un monogramme en forme de G et P incomplet (…) Ce monogramme est celui de Georges Penez ou Pencz, né à Nuremberg (…) Depuis, j’ai nettoyé avec grande précaution ce coin du tableau et le monogramme est visible à l’œil nu, bien qu’incomplet. »

 

Comme il n’avait pas de limites à ses idées, un jour on le vit, avec un seau et un balai, nettoyer les latrines de la grande place pour montrer aux municipaux de l’époque ce qu’était l’hygiène : la leçon fut rude et retenue !

De même, il n’hésita pas à emprunter l’échelle à nacelle de son voisin électricien pour repeindre le monument aux morts, qui en avait bien besoin.

 

Dans ma jeunesse, j’ai eu le plaisir de rencontrer le docteur Denier : mince, toujours élégant, en redingote et nœud papillon noir, une figure inoubliable.

 

Le docteur André Denier repose au cimetière familial de La Tour-du-Pin.

 

Merci à Annie CHIKHI, présidente de l’association La Tour Prend Garde, pour cette biographie.